Beirut Art Fair

Publication : 19/07/2018 18:25
Du 20/08/2018 au 23/09/2018


Galerie Dominique Fiat

Du 20 au 23 septembre 2018

Seaside Arena- Hall 3 , nouveau front de mer de Beyrouth

Vernissage le mercredi 19 septembre – 18h/22h

C’était en 1982 sur le chantier du Palais du prince Sultan de Taïf en Arabie Saoudite, un projet conçu à Paris et Londres pour Saudi Oger, société de Rafiq Hariri.

Tout a commencé par quelques croquis et une trame de béton qui déjà se bâtissait au-dessus de la Mecque.  Ce furent des réunions et des heures d’étude puis une course contre le temps pour la réalisation des dossiers d’un bâtiment immense qui deviendra en quelques semaines une tour de Babel aux couleurs et langues multiples.

Nous avions imaginé les espaces, conçus des parcours depuis l’immense Lobby vers ses escaliers, des Majlis aux salles à manger, de la mosquée aux appartements privés.  Des perspectives, des matériaux et cheminements longuement réfléchis qui peu à peu nous échappaient dans leurs traductions techniques, habillages décoratifs et impératifs imposés.

L’énergie créative des débuts se diluait dans les échanges, les demandes se traduisirent dans les décors d’un autre âge, nourrirent le quotidien et mon imaginaire.  Compositeur et acteur d’un opéra du réel il me fallait tenter d’accrocher le temps, noter pour ne pas oublier l’élan qui anima cette expérience.  Ce fut le départ d’une série de dessins exécutés de nuit sur mes carnets de chantier quand je parcourais le chantier au milieu de pakistanais accroupis autour de moi.  Une écriture automatique volontairement incertaine venait en écho aux souvenirs des étapes créatives qui se dissipaient dans leur confrontation au réel.  Prises de notes et traductions d’instants inutiles et incongrus qui prennent aujourd’hui une saveur particulière.

Les années sont passées, le prince est devenu roi, Monsieur Rafiq Hariri fut président du Liban, qu’est devenu ce palais ?  Il me reste mes esquisses qui furent le point de départ de toiles de grandes dimensions qui se recouvrirent de blanc comme pour, elles aussi, effacer le réel tout en gardant l’épaisseur des passages, le souvenir des accidents et des rencontres.

« Réflexion sur le Mécénat »,  est le nom de cette série d’esquisses-écritures aux micros-paysages, des graphismes sans règle sur les réductions photographiques de mes plans. Des créations qui aujourd’hui gardent toute leur force et sont de belles réponses aux dessins techniques virtuoses de l’époque, certainement détruits avec le temps et devenus bien fades face aux créations « assistées » par ordinateur, aux images lisses, mortes, de nos machines à penser mondialisées.

Les mains, le métier, le cheminement, la confiance, le rêve...

 

Charosson, Juillet 2018

Thierry Diers