exposition du mercredi 13 septembre au dimanche 12 novembre .
Vernissage le vendredi 15 septembre à 18h30.
Musée de la Carte à jouer – 16, rue Auguste Gervais – 92130 Issy les Moulineaux
*mercredi, jeudi, vendredi, 11h-17h / samedi et dimanche, 14h-18h
Affirmation bleue (dytique) 210x 280 cm- huile sur toile de lin- 2016
Dans l’atelier de
Thierry Diers je suis resté en arrêt devant une peinture encore fraiche.
../.. J’y vois la
dislocation des drapeaux, des discours, des territoires, des peuples. J’y vois la vanité des guerres, l’inutilité
des massacres, l’impossibilité de trouver un fil conducteur, une raison, un
semblant de pensée à l’incontinence informationnelle des médias et des réseaux
de communication. La peinture sert aussi à cela : permettre de se déporter
soi-même à côté du flux.
Pierre Bongiovanni
La peinture chez
Diers est un événement plastique et sentimental, elle a déjà toutes les
qualités du gesamkunstwerk,
l’œuvre d’art totale telle que la décrivait Wagner, elle touche les sens de
l’Homme, mais aussi son esprit et son âme. Thierry Diers au fond reprend
l’antique mission kandinskienne, où la peinture établie une
« communication entre les âmes » à l’aide d’un langage que seuls le
cœur, l’esprit et les tripes sauront décrypter – beaucoup mieux en tous cas que
la rationalité. Ce que fait l’artiste avec ses peintures c’est la projection de
son « lointain intérieur », expression trouvée par un autre artiste à
la croisée des chemins belges et français, Henri Michaux. C’est le titre d’un recueil
de poèmes hallucinés, où l’on retrouve notamment « Ma vie
s’arrêta » :
« J’étais en plein océan. Nous voguions. Tout à
coup le vent tomba. Alors l’océan démasqua sa grandeur, son interminable
solitude. Le vent tomba d’un coup, ma vie fit « toc ». Elle était
arrêtée à tout jamais. Ce fut une aprés-midi de délire, ce fut une aprés-midi
singulière, l’après-midi de « la fiancée se retire ». Ce fut un
moment, un éternel moment, comme la voix de l’homme et sa santé étouffent sans
effort les gémissements des microbes affamés, ce fut un moment, et tous les
autres moments s’y enfournèrent, s’y envaginèrent, l’un après l’autre, au fur
et à mesure qu’ils arrivaient, sans fin, sans fin, et je fus roulé dedans, de
plus en plus enfoui, sans fin, sans fin » [1].
Thierry Diers peint
ce qu’il y a au plus profond de lui, espérant y trouver ce qui le reliera à
tous les autres hommes.
Nicolas-Xavier Ferrand
[1] H. Michaux, Plume précédé de Lointain Intérieur,
Gallimard, Paris, 1985.