Biennale d’Issy

Publication : 01/10/2017 18:22
Du 13/09/2017 au 12/11/2017


exposition du  mercredi 13 septembre au dimanche 12 novembre .

Vernissage le vendredi 15 septembre à 18h30.

Musée de la Carte à jouer – 16, rue Auguste Gervais – 92130 Issy les Moulineaux

*mercredi, jeudi, vendredi,  11h-17h / samedi et dimanche,  14h-18h

 Affirmation bleue (dytique)  210x 280 cm- huile sur toile de lin- 2016


Dans l’atelier de Thierry Diers je suis resté en arrêt devant une peinture encore fraiche.

../.. J’y vois la dislocation des drapeaux, des discours, des territoires, des peuples.  J’y vois la vanité des guerres, l’inutilité des massacres, l’impossibilité de trouver un fil conducteur, une raison, un semblant de pensée à l’incontinence informationnelle des médias et des réseaux de communication. La peinture sert aussi à cela : permettre de se déporter soi-même à côté du flux.

Pierre Bongiovanni


La peinture chez Diers est un événement plastique et sentimental, elle a déjà toutes les qualités du gesamkunstwerk, l’œuvre d’art totale telle que la décrivait Wagner, elle touche les sens de l’Homme, mais aussi son esprit et son âme. Thierry Diers au fond reprend l’antique mission kandinskienne, où la peinture établie une « communication entre les âmes » à l’aide d’un langage que seuls le cœur, l’esprit et les tripes sauront décrypter – beaucoup mieux en tous cas que la rationalité. Ce que fait l’artiste avec ses peintures c’est la projection de son « lointain intérieur », expression trouvée par un autre artiste à la croisée des chemins belges et français, Henri Michaux. C’est le titre d’un recueil de poèmes hallucinés, où l’on retrouve notamment « Ma vie s’arrêta » :

« J’étais en plein océan. Nous voguions. Tout à coup le vent tomba. Alors l’océan démasqua sa grandeur, son interminable solitude. Le vent tomba d’un coup, ma vie fit « toc ». Elle était arrêtée à tout jamais. Ce fut une aprés-midi de délire, ce fut une aprés-midi singulière, l’après-midi de « la fiancée se retire ». Ce fut un moment, un éternel moment, comme la voix de l’homme et sa santé étouffent sans effort les gémissements des microbes affamés, ce fut un moment, et tous les autres moments s’y enfournèrent, s’y envaginèrent, l’un après l’autre, au fur et à mesure qu’ils arrivaient, sans fin, sans fin, et je fus roulé dedans, de plus en plus enfoui, sans fin, sans fin » [1].

Thierry Diers peint ce qu’il y a au plus profond de lui, espérant y trouver ce qui le reliera à tous les autres hommes.

Nicolas-Xavier Ferrand

 

[1] H. Michaux, Plume précédé de Lointain Intérieur, Gallimard, Paris, 1985.